Genève et Vaud figurent en tête des interruptions de grossesse

Média 24 Heures
Date 2 septembre 2019

Genève compte 12 avortements pour mille femmes, et Vaud 8,2. Contre 6,4 en moyenne nationale. Explications de spécialistes en santé sexuelle, dont Anne Descuves, cheffe de service de la Consultation de santé sexuelle de la Fondation PROFA. 

En Suisse, le canton de Genève est celui où sont pratiquées le plus d’interruptions volontaires de grossesse (IVG). Selon des chiffres publiés lundi par l’Office fédéral de la statistique, le taux d’IVG est, en 2018, de 12 pour mille femmes domiciliées à Genève et en âge de procréer. Neuchâtel suit (8,8), puis Vaud (8,2). À l’autre extrême, ce taux est de 2,2 pour 1000 à Uri, alors que la moyenne nationale se situe à 6,4.

La région lémanique est ainsi celle où les IVG sont les plus fréquentes. Selon Clémentine Rossier, professeure associée à l’Université de Genève et spécialiste en santé de la reproduction, deux facteurs influencent ces statistiques et devraient être analysés précisément dans les cantons: le pourcentage de femmes qui sont nées à l’étranger et n’ont pas bénéficié des cours d’éducation sexuelle helvétiques, ainsi que leur âge. «On a davantage de femmes plus jeunes, de 20 et 35 ans, dans les villes. Et c’est à cet âge-là qu’on avorte le plus.»

Certaines régions sont aussi plus conservatrices que d’autres. «C’est sûr, les Neuchâtelois se montrent historiquement plus libéraux sur le sujet que d’autres cantons, relève Catherine Stangl, cheffe du Centre de santé sexuelle de Neuchâtel. Les cantons ruraux de Suisse alémanique ont par exemple une autre attitude vis-à-vis de l’interruption de grossesse.» Elle rappelle qu’en 2002, Vaud, Neuchâtel et Genève ont soutenu massivement la dépénalisation de l’IVG. Pour Catherine Stangl, la question peut d’ailleurs être posée à l’inverse: les taux très bas enregistrés dans certains cantons trahissent-ils une difficulté d’accès à cette intervention ou le fait qu’elle est mal jugée?

L’an dernier, le nombre d’IVG a légèrement augmenté en Suisse. On en a enregistré 10 457, contre 10 037 en 2017 (ou 6,4 avortements pour 1000 femmes contre 6,2). Ces chiffres se trouvent toutefois dans un mouchoir de poche. Selon Clémentine Rossier, on ne peut pas parler pour l’instant de tendance. Chez les jeunes femmes de 15 à 19 ans, ce taux a diminué de façon constante entre 2007 et 2015. Depuis, il reste stable. «Peut-être que les efforts de prévention auprès des jeunes ont atteint un maximum, avance la spécialiste en santé de la reproduction. Il restera toujours des situations compliquées.»

Chez les femmes plus âgées aussi, on ne pourra jamais éviter certains facteurs, comme l’ambivalence du désir d’enfant, le fait que les désaccords de couples apparaissent au moment d’une grossesse ou encore le passage par une période de transition qui peut conduire à des oublis de contraception. «Les contraceptifs, même la pilule et le stérilet, n’offrent pas non plus une sécurité à 100%», ajoute Anne Descuves, cheffe de service de la consultation de santé sexuelle à Profa Vaud. Elle se réjouit encore du fait que les IVG sont rares chez les moins de 16 ans (52 cas en 2018).

En comparaison internationale, les chiffres helvétiques sont très faibles. «La Suisse se dispute avec les Pays-Bas le taux le plus bas au monde», confirme Clémentine Rossier. Ce qui témoigne à ses yeux de l’excellence de nos cours d’éducation sexuelle.

Par Caroline Zuercher

Pour toute question, la Consultation de santé sexuelle de la Fondation PROFA est à votre disposition.